Yves Laloy a bénéficié d'un haut privilège : André Breton lui-même, quand il réédita Le Surréalisme et la Peinture en 1965, choisit de reproduire sur la couverture un de ses tableaux, Les petits pois sont verts... les petits poissons rouges, comme s'il symbolisait le présent et l'avenir de la peinture surréaliste, alors que sur celle de l'édition de 1945 figurait Le Modèle rouge de Magritte. Après avoir obtenu son diplôme d'architecture en 1947, et travaillé quelque temps dans le cabinet d'architecte de son père, Yves Laloy commença à peindre des fresques sur le thème du Carnaval. Un témoin de ses débuts, José Pierre, a dit : «Sa pein-ture, inaugurée en 1949 par Le Grand Casque, se développe selon trois directions. La première repose, comme chez Marcel Duchamp, sur des jeux de mots. La deuxième se caractérise par la dominante des courbes et l'analogie avec l'univers marin. La troi-sième enfin n'utilise que des lignes droites et bri-sées, ce qui, loin de la rapprocher de l'abstraction géo-métrique la mettrait plutôt en communication avec les meilleures oeuvres médiumniques. » André Breton, quand il vit Le Grand Casque, s'écria : « Enfin des fêtes ! » et, dans sa préface à la première exposition d'Yves Laloy en 1958, remarqua qu'il agissait instinctivement en bâtisseur : « Sous le scintillement stellaire de chacune de ses toiles se décèle en pro-fondeur une épure qui assigne, là encore, ses dimen-sions à l'édifice projeté, à cette différence près - assu-rément capitale - que la construction prend jour non plus sur le monde extérieur, mais intérieur. » Il le loua d'être capable de passer de la description d'un ultra-monde à celle d'un infra-monde. On a qualifié Yves Laloy de « surréaliste construc-tiviste », à cause de sa « géométrie lyrique », mais malgré son dessin préparatoire exécuté à l'équerre et au tire-ligne, il a dit : « Mes toiles obéissent à une pulsion intérieure que je ne peux réfréner. » Il écri-vait d'un de ses tableaux géométriques : « Ce sont des traits qui composent un labyrinthe parcouru par le fil d'Ariane qu'est le fil de la pensée. Dans ce labyrinthe je me perds et je me sauve. » Yves LaloY a fait un voyage au Pérou, à l'occasion de son expo-sition à la galerie Art Center de Lima en 1965. Il rédi-gea un traité de deux mille pages, La Beauté et ses à-côtés, qu'il ne parvint pas à publier, pour révéler toutes ses préoccupations esthétiques.
Né en 1920 à Rennes, mort en 1999 à Cancale.
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