Joseph Cornell est le premier maître surréaliste de la boîte, cet objet d'art ou d'anti-art qui conteste la fonction traditionnelle du tableau. Il y a, dans la boîte, un essai de peinture en relief. Plus précisément, la boîte est une sorte de tableau sous verre contenant une icône associant la peinture, l'écriture, le collage et l'assemblage; le tout demande à être protégé, comme une collection de papillons, des agressions extérieures. Joseph Cornell interrompit à seize ans ses études à l'Académie Phillips d'Andoven, dans le Massachussetts, où il apprenait le latin et les sciences, pour travailler dans une usine de textile. En 1921 il fut vendeur de tissus à Manhattan, et quelques années après, vendeur de réfrigérateurs. En entrant un jour dans la galerie Julien Levy, 602 Madison Avenue, il s'enthousiasma pour les collages de Max Ernst. Il fit aussitôt des collages (sans titres, ce qui est contraire aux règles du genre) ; Julien Levy en exposa plusieurs, ainsi que son objet Glass Bell, dans son exposition « Surrealism » de janvier 1932. Vivant à Long Island avec sa mère et son frère infirme, Cornell s'adonna à des rêveries précieuses qu'il enferma dans des boîtes vitrées afin que nul ne puisse les dissiper en les touchant. Son premier Soap Bubble Set, en 1936, comprenait une mappemonde, une pipe en terre, un verre à apéritif, une tête de poupée et un oeuf. Bibliophile, collectionneur d'objets pittoresques et de films muets, Cornell pratiqua un art aussi savant qu'inspiré. Dans son « atelier-galerie-laboratoire » au sous-sol de sa maison d'Utopia Parkway à Flushing, il cirait le bois de ses boîtes pour leur donner un aspect ancien, collait derrière elles des pages de vieux livres. Kynaston McShine dit : « Il lui arrivait même de placer une boîte dans le four afin que la peinture extérieure se pèle et se craquèle pour mieux suggérer le temps écoulé. Il obtenait ainsi également de subtils coloris. » Il fut invité à participer à l'Exposition internationale du surréalisme de Paris en 1938.
José Pierre prétendit : « Il est à peu près certain que c'est l'exemple des "poèmes-objets" de Breton Ul va encourager Cornell à associer à de menus objets des phrases poétiques que, ne pouvant les composer lui-même, il va emprunter à diverses sources (listes d'hôtels français, vieux livres découpés en bandes, cadavres exquis faits de manchettes de Journaux, partitions musicales, etc.). » Cependant, Cornn'a pu avoir connaissance des poèmes-objets de Breton avant de le rencontrer à New York en 1942 Dt de découvrir la revue VVV des surréalistes en exil. Jénérant André Breton (dont il fit le portrait dans une Doîte), Cornell craignait de le décevoir en lui révélant était adepte de la Christian science. Il retint surtout de ses manifestes ce principe : « le merveilleux est toujours beau, n'importe quel merveilleux est beau, il n'y a même que le merveilleux qui soit beau. » Ses boîtes sont les témoignages de ses émerveillements devant certaines femmes (ballerines romantiques comme la Taglioni ou stars de cinéma comme Hedy Lamarr) ou devant certains aspects du monde. Il parodia parfois les natures mortes des peintres hollandais qu'il admirait. Dans sa dernière période, il refit des collages avec des illustrations en couleurs de magazines. Il a aussi composé des films-collages, comme Rose Hobart, Cotillion, Children's Party, avec des chutes de films oubliés. En mai 1967 s'ouvrit une grande rétrospective de Joseph Cornell au Solomon R. Guggenheim Museum. Selon Gérard Durozoi « Son œuvre participe moins de l'onirisme ou de l'automatisme que d'une rêverie organisée avec rigueur autour de quelques obsessions très personnelles et tenues secrètes. »
Né en 1903 à Nyack, New York, mort en 1972 à Flushing, New York.
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