Fille d'un ingénieur agronome qui mourut quand elle avait quatre ans, elle fit des études à l'école de l'Union centrale des arts décoratifs, de 1926 à 1929, et vécut à Paris de petits travaux de décoration, avant de devenir une des « danseuses aquatiques » de la piscine du cabaret Le Coliséum, boulevard de Rochechouart. Entre ses numéros, elle fréquentait le café Le Cyrano, place Blanche, où André Breton la remarqua. Ils se marièrent le 14 août 1934, leurs témoins étant Paul Éluard et Giacometti. Elle pei-gnit un portrait d'André Breton, réalisa selon ses indications son Rêve-Objet, participa à plusieurs expositions surréalistes, dessina deux des figures du jeu de cartes de Marseille. André Breton l'encoura-gea à ses débuts. Dans une lettre du 26 septembre 1939, en recevant une de ses aquarelles, il lui conseille de se lancer « plus imprudemment dans cette aven-ture mentale »; et le 11 avril 1940, il réitère après en avoir vu d'autres : «Je suis sûr qu'en t'acharnant un peu tu pourras faire des oeuvres magnifiques. Mais il faut t'acharner : tu es tout à fait sur la voie. » Ces euphémismes indiquent qu'il trouvait encore velléi-taires ses recherches. Elle se souciait fort peu d'inven-tions qui mettent à nu le « modèle intérieur ». Durant leur exil à New York, Jacqueline Lamba se sépara de Breton à l'automne 1943 pour se remarier avec David Hare, le sculpteur qui finançait la revue VVV. Elle le suivit à Roxbury, dans le Connecticut, où il lui construisit une maison en bois pour lui servir d'ate-lier. C'est là qu'elle prépara sa première exposition personnelle à la Norlyst Gallery de New York. Elle disait alors que l'automatisme était la « clé de commu-nication » de sa peinture. Revenant à Paris en 1947, elle exposa seize toiles galerie Pierre. Elle écrira plus tard dans une note : « Peinture non surréaliste depuis 1948 ». En effet, après avoir divorcé de David Hare, elle s'installa de nouveau en France, et ses tableaux s'inspirèrent de ce qu'elle voyait de son atelier bou-levard Bonne-Nouvelle, ou dans ses promenades l'été dans le Var. En 1967, son ultime exposition au musée Picasso d'Antibes fut présentée par Yves Bonnefoy, qui loua ses paysages de Simiane. La vidéo de Fabrice Maze en deux parties : L'Amour fou dAndré Breton ; La Peinture jusqu'au bout du ciel (Grenoble, Seven Doc, 2004) a décrit l'évolution de Jacqueline Lamba, d'où il ressort que seul un petit nombre de ses oeuvres sont typiquement surréalistes.


Jacqueline Lamba

Née en 1910 à Saint-Mandé, morte en 1993 à Rochecorbon

Rogi André, Jacqueline Lamba dans un aquarium I, ​Photo, 1934