Il vécut jusqu'à l'âge de dix-huit ans en Grèce où son père, un ingénieur sicilien, était appelé à travailler. Il fit ses études de 1903 à1906 à l'École polytechnique d'Athènes, dans la section des Beaux-Arts, fréquenta le soir une école de nu afin de dessiner d'après le modèle vivant. Il allait parfois se camper sur le port du Pirée pour peindre toutes sortes de bateaux. En 1906, il se rendit à Munich, étudia pendant près de deux ans à l'Académie des beaux-arts ; il fit des portraits, et se laissa influencer par le genre pittoresque de Bôcklin. La lecture de Nietzsche l'incita à inventer des sujets plus forts que ceux utilisés dans l'art à cette époque. Après avoir résidé à Milan et à Florence, qui lui inspirèrent ses Places d'Italie, ses Arcades et ses Portiques, il séjourna à Paris de 1911 à 1915, et dans son atelier de Montparnasse commença la série de ses Énigmes, celle de ses Mannequins ; seuls Apollinaire et le marchand de tableaux Paul Guillaume s'intéressèrent à lui. Pendant la guerre, regagnant l'Italie, il se tint à Ferrare de 1915 à 1918; c'est là que, rencontrant Carlo Carrà, il pratiqua avec lui la « peinture métaphysique », créa ses intérieurs métaphysiques, ses Natures mortes évangéliques, ses Mannequins les plus complexes. S'installant ensuite à Rome de 1918 à 1925, il participa à la fondation du groupe Valori Plastici, mais sensible aux avances des surréalistes qui le célébraient, il collabora aussi à Littérature et àLa Révolution surréaliste.
Cependant, reniant son passé, Chirico se mit à copier des maîtres du Quattrocento dans les musées, à étudier la technique picturale dans des traités anciens. À Paris, de 1925 à 1930, ce reniement s'affirma ; il fit en 1926 à la galerie Rosenberg une exposition de Gladiateurs et de Chevaux antiques, violemment contestée par les surréalistes, brossa les décors du Bal de Rieti (1929) pour Diaghilev. Son roman Hebdoméros (1929) fut l'unique témoignage de son génie persistant. En 1935, il se rendit aux États-Unis, et resta dix-huit mois à New York. Il retourna en 1939 se fixer en Italie, peignit désormais des tableaux de fruits, des nus, des scènes réalistes, et exécuta aussi une commande de portraits et des toiles métaphysiques. Une rétrospective du Museum of Modern Art de New York en 1955 a montré son importance dans l'histoire de la peinture moderne sans tenir compte de sa dernière période. Depuis lors, il a fait des lithographies, des sculptures, des illustrations de livres, des décors et des costumes pour la Scala de Milan (notamment ceux du Mefistofele de Boito) ainsi que pour l'Opéra de Rome et le Théâtre communal de Florence. Il a publié en 1962 ses Mémoires à Milan, où perce l'aigreur d'être incompris, car il n'a jamais admis que les amateurs préfèrent dans toute sa production les œuvres de sa jeunesse. Quand il fut élu en 1975 à l'Académie des beaux-arts de Paris, il communiqua à la presse qu'il fallait désormais l'appeler De Chirico. En effet, selon l'usage français, on ne fait état de la particule que si le nom qui suit n'a qu'une seule syllabe : on doit dire Musset, et non de Musset. Il y eut donc un peintre incomparable qu'Apollinaire et les surréalistes admirèrent sous le nom de Chirico, et un pasticheur contestable qui lui succéda, De Chirico. Sa rétrospective « Giorgio De Chirico, pictor optimus (c'était le titre qu'il se donnait) », au palais des Expositions de Rome de décembre 1992 à février 1993, révéla les combats de centaures de sa « période pré-métaphysique », la qualité de ses autoportraits (dont un nu et un en costume de la Renaissance) où il regarde d'un air arrogant le spectateur, les chefs-d'œuvre de sa peinture entre 1911 et 1923, et ses œuvres du déclin parmi lesquelles, çà et là, un tableau indéniablement surréaliste comme Le Retour d'Ulysse (en 1968 et 1973), où le bateau d'Ulysse arrive dans une chambre envahie par la mer. La fondation Giorgio et Isa De Chirico organisa en 2004 une exposition dans l'église San Francisco a Ripa à Rome, « La passione secondo De Chirico », pour prétendre qu'il était aussi un peintre de l'art sacré, en montrant ses scènes bibliques, sa Crucifixion et ses vingt-deux lithographies coloriées à la main de l'Apocalypse.
Né en 1888 à vólos, Grèce, mort en 1978 à Rome.
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