Il a été le type le plus pur de l'aventurier surréaliste, refusant de s'astreindre à une carrière, jouant sa vie au hasard des chemins. Fils de la violoniste danoise Ingeborg Magnus, qui donna des concerts avec Saint-Saëns et Fritz Kreisler, il interrompit ses études au lycée Condorcet avant le baccalauréat ; et fut jeté dans une suite de tribulations, devenant vendeur de journaux, commissionnaire, comptable. En 1919, il se rendit sans argent au Cameroun pour chas-ser l'éléphant ; il dut renoncer sur place à son pro-jet, et se fit embaucher à bord d'un caboteur croi-sant le long des côtes africaines. De retour en France, il travailla dans une entreprise de nettoyage urbain nommée « l'Urbanisme moderne », et fut chargé d'aller de ville en ville, avec une équipe de démons-trateurs pour proposer aux édiles des balayeuses et des arroseuses automatiques. En 1924, il fit la connaissance de Robert Desnos, avec qui il parta-gea un atelier à Paris, rue Blomet, où ils fumaient ensemble l'opium, et d'André Breton qui lui décerna un certificat de « surréalisme absolu ». Malkine s'adonna alors à la peinture, illustrant The Night of Loveless Nights de Desnos, faisant une série de tableaux poétiques ou abstraits (Une nuit d'amour, 1926 ; La Dame de pique, 1926) qu'il exposa en 1927 à la Galerie surréaliste, rue Jacques-Callot. Le suc-cès de son exposition, loin de l'encourager, l'incita à repartir ; il s'embarqua pour l'Océanie, erra durant trois ans parmi les îles, et revint ruiné à Paris en s'employant comme plongeur sur un cargo. En 1932, il se transforma en acteur de cinéma, et interpréta des rôles de composition dans plusieurs films ; il était sur le point de se tailler une solide réputation quand il lâcha tout en 1938, pour suivre un cirque ambulant, qu'il abandonna ensuite pour devenir cor-recteur d'imprimerie. En 1948, il se maria et émigra avec sa femme Sonia aux États-Unis ; ils s'installè-rent en 1956 à Shady, dans l'État de New York. Père de quatre enfants, Malkine exerça encore divers métiers, et se remit à peindre. Sentant la nécessité de revoir Paris, il arriva en 1966, seul ; il y resta jus-qu'à sa mort, faisant deux expositions à la galerie Mona Lisa. En trois ans, dans une suprême explo-sion de vitalité, il créa le principal de son oeuvre, une centaine de toiles d'une fantaisie admirable, que l'on redécouvrira avec émotion lorsque bien des oeuvres aujourd'hui surestimées seront oubliées. Il est le peintre de l'analogie poétique.
Né en 1898 à Paris, mort en 1970 à Paris.
La Femme Tatouée, Oil on Canvas, 1929
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