Fils d'un marchand de meubles du faubourg Saint-Antoine, dont il emprunta des tables et des sièges pour l'Exposition internationale du surréalisme de 1938 à Paris, Georges Hugnet fut initié à la poésie par Max Jacob, un ami de sa mère. Il fit le scénario d'un film d'avant-garde, La Perle, projeté au Studio des Ursulines en 1929, et écrivit une étude sur « L'Esprit Dada dans la peinture » avec l'aide de Tristan Tzara, qui le présenta à André Breton en 1932. Sa Petite Anthologie poétique du surréalisme (1934) en fit aussitôt un militant efficace du mouvement. D'abord, Hugnet fut un adepte de ce que son grand ami Paul Éluard appelait « la physique de la poésie », c'est-à-dire la bibliophilie d'art. Il ouvrit un atelier de reliure, « Le Livre-Objet », et choisit pour ses plaquettes de poèmes des illustrations d'artistes complices, sachant parfaitement en renforcer les métaphores. Le fron-tispice d'Onan par Salvador Dal f fait vraiment corps avec le poème d'Hugnet, comme celui d'Oscar Domfnguez pour La Hampe de l'imaginaire. Ses collages ont exprimé de préférence l'érotisme surréa-liste, comme s'il se conformait à l'adage de Max Ernst : « la nudité de la femme est plus sage que l'enseignement du philosophe ». De son premier collage de 1932 à son dernier de 1971, des femmes dénu-dées ou en déshabillés suggestifs, aux poses las-cives, sont placées dans des situations quotidiennes qu'elles rendent bouleversantes. Georges Hugnet a inventé aussi le « poème-découpage », en combi-nant des titres découpés dans des journaux à des fragments d'illustrations de magazine, de manière à composer des images parlantes. Ainsi son recueil de « poèmes-découpages » La Septième Face du dé (1936) fut une réussite étonnante, d'autant plus qu'il bénéficia d'une couverture de Marcel Duchamp. Pendant la guerre, il créa en décembre 1939 une revue surréaliste, L'Usage de la parole, qu'il dut inter-rompre au numéro 3, en avril 1940. Sous l'Occupation, il tint une librairie boulevard du Montparnasse, et anima le restaurant Le Catalan, rue des Grands-Augustins, où ses convives improvisaient des des-sins sur les nappes, qui furent exposées en avril 1947. Georges Hugnet fit une exposition de ses « oeuvres graphiques » en 1954 à la galerie Furstenberg, et publia en 1969 un roman en photomontages, Huit jours à Trébaumec, « journal de vacances orné de 82 photographies prises par l'auteur en 1947 », au texte calligraphié par lui. La rétrospective « Les Péré-grinations de Georges Hugnet » au centre Georges-Pompidou en 1978 fut une révélation pour le public, qui était loin de soupçonner toutes les surprises qu'un tel poète pouvait réserver dans le domaine du collage, du photomontage et de la décalcomanie.
Né en 1906 à Paris, mort en 1974 à Saint-Martin-de Ré.
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