Il a passé son enfance en Poméranie, et a fait ses études à l'Académie royale des arts de Dresde, puis à l'École des arts décoratifs de Berlin. Dès l'âge de dix-huit ans, il composa une quantité de dessins, publiés en 1915 par la revue Die neue Jugend et qui seront réunis dans deux albums parus en 1916 et 1917 aux éditions Malik ; on remarqua tout de suite le « style Grosz », plein d'ironie méprisante. Pen-dant la guerre, réformé pour « confusion mentale » à cause de son attitude nihiliste, il participa dès 1917 au dadaïsme. Il fut nommé « Propagandada » du groupe, c'est-à-dire qu'il était chargé d'inventer les slogans provocateurs imprimés sur des papillons à coller sur les murs. Il trouva ainsi : « Dada aujour-d'hui, Dada demain, Dada toujours ! » ou encore : « Venez à Dada si vous aimez être embrassé et embarrassé ». Un jour, il parcourut les rues de Berlin, masqué d'une tête de mort, en portant un écriteau parodiant l'hymne national : « Dada, dada über alles ! » Négateur forcené de tout, Grosz a mis en scène le drame de la vie. S'exprimant plutôt par des caricatures, il voulut dénoncer les mauvais instincts de l'homme, les vices de la société bour-geoise. En 1922, il réalisa son chef-d' œuvre, Ecce homo, recueil de dessins et d'aquarelles où l'obscé-nité hurle à la mort, dans un prodigieux délire gra-phique; l'ouvrage fut saisi, Grosz comparut devant la Ille chambre correctionnelle de Berlin. En 1932' invité à enseigner à l'Art Students League de New York, il décida de se fixer aux États-Unis. Il se mit à peindre à l'huile dès 1936, n'ayant fait jusquelia que peu de tableaux. Il fabriquait lui-même ses pin-ceaux, et mélangeait à ses couleurs du sable, de la cire, et même du Coca-Cola. 11 essaya de peindre des nus, des paysages de dunes, des insectes, mais son pessimisme l'emportant; il peignit surtout des squelettes, des danses de mort, des ruines, images de l'autodestruction de l'humanité. De 1947 à 1949, ce fut la série des Stickmen, que l'on a appelés « les clowns de l'Apocalypse » : les Stickmen étaient des personnages filiformes, « ennemis de l'arc-en-ciel », qui cherchaient à envahir le monde. Dans cette dernière période, ainsi que dans sa période Dada, on trouve des scènes de cauchemar d'un accent surréaliste. André Breton a d'ailleurs fait figurer une toile de Grosz, Les Funérailles d'Oscar Panizza, à l'Exposition internationale du surréalisme de 1965 à Paris.
Né en 1893 et mort en 1959 à Berlin.
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