E. L. T. Mesens se destina d'abord à la musique sous l'influence d'Erik Satie qu'il rencontra en 1918. À ses débuts il publia deux partitions, Danse pour un piano (1920) et Garage pour voix et piano (1921), sur un poème de Philippe Soupault, et donna en 1922 un concert à Bruxelles. Mais il abandonna la composition musicale lorsqu'il sut qu'elle était mal vue d'André Breton (« Que la nuit continue de tomber sur l'orchestre » dira celui-ci dans Le Surréalisme et la Peinture), pour fonder en 1925 la revue Œsophage (un numéro), puis Marie en 1926, « journal bimen-suel pour la belle jeunesse » (quatre numéros), en association avec Magritte. Tout en étant le poète merveilleux d'Alphabet sourd-aveugle (1933, pré-facé et annoté par Paul Éluard) et de Femme complète (1933), E. L. T. Mesens aida efficacement ses amis surréalistes par ses initiatives de responsable de la galerie La Licorne et des éditions Nicolas Flamel. Ce fut lui qui réalisa les numéros spéciaux sur le sur-réalisme de Variétés (1929) et de Documents 34, et qui édita la plaquette collective en hommage à la jeune parricide Violette Nozière. Dès 1934, son emploi de secrétaire au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles lui permit d'élargir son action artistique. En 1938, E. L. T. Mesens se fixa à Londres, où il devint un des animateurs, avec Roland Penrose et Jacques Brunius, du surréalisme anglais, en dirigeant la London Gallery et en publiant la revue London Bulletin qui aura vingt numéros. Pendant la guerre, il collabora dès 1941 à la B.B.C. et rédigea ses poèmes engagés de Troisième Front (London Gallery éditions, 1944). Dans l'après-guerre, E. L. T. Mesens s'adonna à une activité inten-sive de collagiste, s'affirmant à la Biennale de Venise de 1954 et aboutissant à sa grande exposition de collages en 1963 à Knokke-le-Zoute. Les collages de E. L. T. Mesens eurent le mérite de ne pas imiter ceux de Max Ernst, comme on le faisait ordinairement. Utilisant un matériel différent (signes typographiques, fragments d'illustrations mis en papiers collés), il créa toutes sortes d'images dans un style très per-sonnel (La Partition complétée, 1945, Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique). Patrick Waldberg, aimant son art de vivre, a laissé de lui ce portrait : « A conté, sa vie durant, aux serveuses étonnées et aux garçons de bar flegmatiques, la légende du surréalisme, jusqu'à "heure indécise où les lions vont boire. »
Né en 1903 et mort en 1971 à Bruxelles.
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