Après avoir terminé ses études à l'Académie des beaux-arts de Munich, et pris contact avec les sur-réalistes à Paris, Edgar Jené s'installa à Vienne en 1935 et y influença le mouvement du réalisme fan-tastique (Phantastischen Realismus), auquel appar-tinrent notamment Fuchs et Breuer. Il fonda Planh, la première revue surréaliste autrichienne, où son ami Paul Celan publia une vingtaine de poèmes, dont celui qui deviendra le plus célèbre, Todes fugue (« Fugue de mort »). Edgar Jené illustra en 1948 de deux gravures la plaquette de poèmes de Paul Celan, Der Sand aus den umen (« Le Sable des urnes »), que le poète fit détruire à cause de ses fautes d'impression. En retour Paul Celan, pour un recueil de lithographies de Jené, écrivit une préface qu'il intitula Der Traum vom Traum (« Le Rêve du rêve »). Jean-Dominique Rey, que Breton chargea en 1948 « d'aller porter le salut surréaliste à son ami Edgar Jené », qu'il n'avait pas revu depuis 1938, le chercha dans Vienne encore abîmée par la guerre. Il habitait, dit-il, « un immeuble coupé en deux par la tranche : les bombes, respectant la façade, avaient mis à nu le revers ». En 1949, Edgar Jené exposa à Paris à la galerie Nina Dausset et André Breton le présenta dans un poème automatique : « L'art de Jené ce ménure-lyre au carreau de gypse d'une fenêtre de grotte donnant sur les premières prairies de feu en fleurs... » En 1950 et en 1954, Jené fit paraître avec Max Holzer les deux volumes de Surrealistische Publikationen, traduction en allemand de textes de Julien Gracq, André Breton, Benjamin Péret, Antonin Artaud, avec des illustrations de Brauner, Donati, Tanguy, Toyen. Il introduisit le surréalisme dans la Sarre en organisant à Sarrebrück en mars 1952 l'importante exposition « La Peinture surréaliste en Europe ». La même année, il eut une rétrospective au musée de Hagen, et s'étant installé en France dans la Nièvre, il en eut une autre à la Maison de la Culture de Bourges en 1968. À l'exposition « Le Surréalisme » du musée des Arts décoratifs (Paris, 9 juin-24 septembre 1972), Patrick Waldberg exposa deux de ses tableaux de 1944, L'Oiseau Roc et Chevaux fantômes, en disant : « Son inébranlable fidélité à la pensée surréaliste marque son oeuvre, que sa discrétion a tenu à l'écart des grands cou-rants publicitaires. » Un hommage à Edgar Jené, réunissant un ensemble de ses peintures au musée de la Seita en 1988, préparé par sa veuve Erika, ne put avoir lieu parce que celle-ci mourut avant de les mettre en place. Deux livres lui furent consacrés à cette époque, l'un sur ses dessins, l'autre sur ses gouaches, par Friedhelm Hâring.
Né en 1904 à Sarrebrück, mort en 1984 à La Chapelle-Saint-André.
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