Issu d'une famille d'aristocrates polonais émigrés au siècle dernier, il a vécu une partie de son enfance en Suisse, où le poète Rainer Maria Rilke encouragea ses dons naissants, préfaçant Mitsou (1921), un album de quarante dessins inspirés par son chat. Dès l'âge de seize ans il commença à peindre, sans maître, avec une admiration avouée pour Courbet, et en subissant d'abord l'influence de Bonnard et de Derain qui étaient des amis de ses parents. Bien que sa première exposition à Paris, en 1934, à la galerie Pierre, ait été présentée par Antonin Artaud, que ses illustrations des Hauts de Hurlevent aient paru en 1935 dans Minotaure, qu'il ait fréquenté Mirà dont il fit en 1938 un beau portrait, Balthus s'est toujours défendu d'être un surréaliste ; il est vrai qu'il refusa aussi de reconnaître qu'il y ait la moindre trace d'érotisme dans son œuvre. Pourtant, le climat onirique de ses tableaux est très proche du surréalisme, et leur contenu se réfère à un monde de désirs troubles. Malgré ses paysages et ses scènes de rue, son thème de prédilection reste la petite fille nue à sa toilette, dont il montre avec complaisance le sexe impubère et la grâce de jeune animal, ou l'adolescente qui se tient dans une pose suggestive, s'abandonnant à des rêves inquiets dictés par l'approche de la féminité, la peur d'être une chair que viole le regard d'autrui et même la lumière du jour (Les Beaux Jours, 1944-1946, New York, The Joseph H. Hirschhorn Foundation ; La Chambre, 1952-1954). Un texte de son frère Pierre Klossowski, Du « tableau vivant » dans la peinture de Balthus, a mis en évidence son « pathos », son « statisme monumental », sa « monstruosité », ses symboles sexuels comme le miroir « céleste et aquatique, symbole de la femme et de la mère » ou la cheminée « infernale et terrestre, symbole de violence virile ». Auteur des décors de La Peste d'Albert Camus (1949) et de L'Île des chèvres d'Ugo Betti (1952), Balthus fut tiré en 1961 de sa retraite du château de Chassy pour devenir directeur de l'Académie de France. Il accepta néanmoins de participer, en 1964, à l'exposition historique « Le Surréalisme, sources, histoire, affinités » à la galerie Charpentier, avec son grand tableau Passage du Commerce-Saint-André (1952- 1954), nouvelle version de La Rue de 1933, comme s'il admettait que le sens profond de la peinture était là. Sa rétrospective au musée des Arts décoratifs de Paris en 1966 a été suivie de beaucoup d'autres de son vivant au centre Georges-Pompidou en 1983, au Metropolitan Museum de New York en 1984, au musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne en 1993, au Palais des Beaux-Arts de Pékin en 1995, au Centro de Arte Reina Sofia de Madrid en 1996. Jugeant que ses dessins étaient des œuvres en soi, aussi importantes que ses tableaux, il les exposa en 1994 au Kunstmuseum de Berne et en 1996 au palais des Papes de Viterbe. Jusqu'à la fin de sa vie, il garda le portrait d'Antonin Artaud près de son chevalet.
Né en 1908 à Paris, mort en 2001 à Rossinière, Suisse.
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